Monday, November 16, 2009

ALTERLIBRIS - LITTÉRATURE- POLARS-BOOKS












ALTERLIBRIS

Ici on parle livres

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UN PEU DE FIEL!

Librairie - Libraires - et INTERNET


Un extrait de THE BOOKMAN’S PROMISE de John Dunning, où l’auteur fustige ceux qui s’improvisent libraires.  

Pour en savoir plus sur 
John Dunning  



‘Le monde du livre était alors très différent. En 1987, la recherche concernant un aspect problématique, même simple, d’un livre nécessitait beaucoup de travail. On y vivait encore dans les balbutiements de l’Internet: les importants changements apportés par cet outil en étaient au stade de l’enfance. Aucun d’entre nous (les libraires-antiquaires) ne se doutait de la folie qui allait déferler sur le monde du livre.

On devait rechercher les points et valeurs* de livres moins courants selon la vieille méthode: dans des bibliographies, dans les catalogues de libraires spécialisés et, somme toute, il fallait faire preuve de confiance en soi, se fier à son instinct. Les connaissances acquises, alliées à la chance et voila, on mettait en vente le livre. Si un autre libraire possédait plus de connaissances que vous, il emportait le morceau à la suite de votre erreur.

Aujourd’hui, n’importe quel crétin mal lavé peut consulter sur un ordinateur et trouver un prix pour son livre. Le prix est-il en rapport avec l’exemplaire? S’agit-il de la même édition? Ces questions autrefois importantes deviennent de moins en moins pertinentes; les fouineurs (book scouts) les Puces et même les ‘Junk shops (ce qu’on on appelle aussi les ‘thrift shops’) voient des écumeurs se lancer sur Internet pour jouer au libraire.

On dit que l’Internet devient le grand égalisateur; à mon avis on parle plutôt de cannibaliser son concurrent avec des livres dont la douteuse qualité et la piètre valeur sont sans rapport avec l’item offert.

Ceux-ci veulent jouer au libraire sans jamais en payer le prix. Ils ne possèdent aucun volume de référence pour justifier l’authenticité de leurs affirmations et de plus, offrent des sommes insignifiantes à leur vendeurs. Ils magouillent et leur intérêt se limite au prix reçu de l’acheteur.

L’Internet joue peut-être un rôle d’égalisateur dans un sens. On peut y trouver ce que les gens du monde entier recherchent et offrent et le prix que ceux-ci sont prêts à payer pour certains livres. Mais, au jour d’aujourd’hui, ce moteur de recherche ne vous dira pas comment identifier une véritable première édition américaine de ‘Cent ans de solitude’ (One Hundred years of Solitude) ’. 

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Tiré et adapté de The Bookman’s Promise de John Dunning. 

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Dunning est l’auteur de plusieurs ‘bibliomysteries’ –romans policiers incorporant une importante composante d’épisodes en lien avec le monde du livre.

* Points et valeurs. On doit comprendre que le marché du livre d’occasion (out-of-print books) des Américains diffère sensiblement de celui pratiqué dans le monde francophone. Le marché des premières éditions d’ouvrages d’auteurs américains contemporains a une ampleur insoupçonnée par ceux qui ne le connaissent pas. Prenons un exemple: la première édition de ‘The New York Trilogy’ de Paul Auster, publiée à Los Angeles chez Sun & Moon Press, en 1985 et 1986, en parfait état avec jaquette en parfait état, et signée par l’auteur -sur le marché des collectionneurs- vaut entre quatre et cinq mille dollars. Par contre on peut trouver une autre première  édition, de second tirage celle-la, et publiée en 1987 chez Faber, pour moins de cinquante dollars. Soyons justes et disons que Faber est une maison britannique. 

Il existe plusieurs volumes de référence sur l’identification des ‘first editions’. On y retrouve par exemple comment les éditeurs américains caractérisent leurs premières éditions --un vrai casse-tête-- comment vérifier les différents ‘points’ --coquilles, pages mal numérotées, etc.-- dont l’accumulation permet de vérifier l’authenticité d’un volume en particulier et d’en ajuster la valeur marchande en conséquence.

De John Dunning en français: Destinataire inconnu   
chez Calmann-Lévy en 2007.

À noter, il existe un autre John R. Dunning, écrivain britannique, celui-ci dans un genre très florissant: le ‘true crime’. Un exemple en français de sujet 'true crime': Jacques Mesrine. 
  
16 juin 2013

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Littérature populaire - Fascicules québécois, etc.


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Littérature populaire!

Y-a-t-il dans cette expression un mépris à peine déguisé?
Ne s’y trouve-t-il pas, sous-entendue, la notion de masse, cette notion qui relègue les amateurs de littérature dite populaire en des lieux intellectuels qu’il n’est pas de bon ton de fréquenter?

Cette attitude, à peine voilée, elle n’est point nouvelle.

Un exemple: on donne à Restif de la Bretonne certains sobriquets comme 'le Voltaire des femmes de chambre' ou 'le Rousseau du ruisseau'* et pourtant Restif et Rousseau se valent, chacun dans son champ de pensée et d’écriture. Voltaire, grand bourgeois qui, se voulant noble, évoluant dans une sphère sociale différente de celle de Restif.

Un autre exemple: Georges Simenon, écrivain populaire dont André Gide disait pourtant: 'Simenon est un romancier de génie et le plus vraiment romancier que nous ayons dans notre littérature d'aujourd'hui.'

Venant de Gide, fin lettré, bourgeois, fondateur de la Nouvelle Revue Française, ce n’est  pas un mince compliment.

Et puis, celle-ci: Guy des Gares pour Guy des Cars, romancier fort lu en son temps.

Une courte en terminant: "Virmaitre,  ce Restif avec du talent..."
(Préface non signée à un volume de Virmaitre). Mais qui se souvient aujourd'hui de Charles Virmaitre.

Tout est dans la perception: juger des goûts et des couleurs est un jeu hasardeux.

Mais venons-en à l’objet de ce billet:

LA LITTÉRATURE POPULAIRE EN FASCICULES AU QUÉBEC

de François Hébert, paru aux Éditions GID Éditions GID, de Québec et publié en 2012.
( 321 p. - 21 X 25 cm - couvertures souples illustrées).

Ce premier tome sera suivi d’un autre répertoriant les publications d’un autre éditeur dont les titres publiés égalent en nombre tous les titres mentionnés dans ce premier livre.

 En voici la description telle que faite par l'auteur: 
 Le premier tome de :
ORIGINE  DE LA LITTÉRATURE POPULAIRE
 EN FASCICULES  AU QUEBEC
de 1944 à 1965, incluant un répertoire de plus  de 6 000 fascicules
et leurs  valeurs estimées, accompagné d’un fascicule populaire de BOB  MORANE autorisé par  le  créateur M. Henri Vernes) écrit par Francois Hébert et intitulé: ''MENACE AU CHÂTEAU FRONTENAC''.   


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Ne lésinons pas sur les mots: il s'agit ici d'un travail de titan accompli par M. Hébert.
Certes, il existe un certain nombre d'ouvrages consacrés à ce sujet par des chercheurs; ce qui, en rien, ne diminue le mérite de l'auteur --devrait-on parler de compilateur?-- qui nous offre une somme répertoriant les parutions de divers éditeurs qui ont fait la joie de millions de lecteurs au cours des ans. Qui, dans son jeune âge et même plus vieux, ne s'est pas plongé dans ces aventures rocambolesques? Qui n'a pas attendu avec impatience l'arrivée de ces romans chez son marchand de journaux?
Je n'ai jamais rencontré M. Hébert mais je doute qu'il ait pu lire ces romans au début de cette nouvelle ère littéraire dans les années quarante. Ce qui prouve une chose: des amateurs, des universitaires qui sont dans son cas, ont eu la piqure pour cette littérature qui n'offre pas le style d'un Proust --entre nous, Proust, tout grand auteur qu'il soit, grand connaisseur de l'âme humaine, est quelques fois bien ennuyant avec ses interminables descriptions et, je comprends Gide d'avoir refusé son manuscrit à la N.R.F. -- mais offre la spontanéité, la fraîcheur à ceux qui ne sont pas tenté par l'introspection à tout prix.    


Depuis quelques années on assiste à un regain d'intérêt. La production du fim 'IXE13', la parution en volume des aventures de 'l'As des espions canadiens', des mémoires universitaires, des sites web consacrés à cette littérature née alors que la télévision n'avait pas encore fait son  entrée dans nos foyers. Une recherche rapide (Google) résultera en de nombreux 'hits' dont au moins un offre gratuitement le texte d'un roman chaque semaine.

Comment classifier le travail de M. Hébert? Une bibliographie? J'hésite!
Larousse: "Liste de titres, de références  d'ouvrages, de livres ou de périodiques relatifs à un domaine  général ou spécialisé.''

Dans un sens strict, une bibliographie n'a pas d'intérêt pour le livre décrit; en d'autres mots il n'est ni un éthicien ni un ethnologue du livre. Son intérêt est purement descriptif. John Ferguson, dans un petit volume publié en 1923,  énumère les taches du bibliographe: description de l'édition en cause et ses particularités: lieu de publication, nom de l'éditeur ou de l'imprimeur ou  du libraire selon l'époque ou les circonstances de la publication.** Chaque volume y est décrit individuellement.
Si le volume de M. Hébert n’a pas tout-à-fait la forme d’une bibliographie, il en a l’esprit et son travail, fort probablement le fruit d'années de travail tant en 'fouineur' qu'en recherchiste et rédacteur, demeurera comme un monument honorant cette littérature qui a fait les délices de tant de jeunes et moins jeunes. C'est aussi un hommage à ces auteurs dont plusieurs ont voulu demeurer anonymes*** par une pudeur imposée par l'époque et son élite intellectuelle.



Bravo M. Hébert et à tous ceux qui vous ont soutenu dans votre travail. 




''Avec ce livre, François Hébert réalise l'impossible en remontant le fil d'Ariane qui permet de débroussailler un corpus de plus 11,000 fascicules populaires québécois, publiés par 66 éditeurs entre les années 1940 et 1970. Voici le tome 1 de ce répertoire comprenant la valeur estimée des fascicules''.
(extrait de la couverture arrière du livre de M. Hébert)

A consulter:
La collection Saint-Germain à l'Université de Sherbrooke.




Dessin d'Emmanuel Desrosiers.



                                      Emmanuel Desrosiers  

(1897-1945) auteur d'un des premiers romans de fiction scientifique publié au Québec: La Fin de la terre  (1931), et auteur de la série 'John Steel' et autres. En voici la liste de ses romans 'populaires':
    Les Voleurs d'or;
    Le Crime de Grove Street;
    L'Affaire de Dornoch Road;
    Le Mystère de la forteresse;
    L'Affaire Barlowe;
    Le Monstre de Gravenstein;
    Les quatre chiens;
    Le Lieutenant Aumont (roman d'amour futuriste).

Il est également l'auteur de nombreux textes parus dans 'La Parole' de Drummondville, dans Mon Magazine, etc.,
Il a également publié de nombreux articles, billets, contes et portraits de personnalités,  dans divers magazines et journaux.
Sans oublier ses  Contes et nouvelles de guerre de 1941 et 1942.
C'était un esprit éclairé, fin causeur et conteur hors de pair.

Le 'Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec' lui a consacré un article signé Gilles Dorion (tome II, pp. 497-498.
   

                                                   ***

* Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le sens que l’on donnait au mot ‘ruisseau’ avant les égouts tels que nous les connaissons, il s’agit d’une rigole dans la rue, où l’on vidait les eaux usées, le matin par exemple.

** Ferguson, John, Some Aspects of Bibliography, Edinburgh, George P. Johnston, 1900, (1) 102 p.

*** Note concernant les anonymes:


Restif publia certaines éditions de ses oeuvres 'A Londres, et fe trouve Chez les principaux Libraires de France'. 
La librairie clandestine ou 'suspecte' a, avec beaucoup d'imagination, utilisé ou créé nombre de lieux de publication: Vatican, Futuropolis, Cythère, Sweetgra's à Québec, etc. Je renvoie le lecteur au blog suivant:
Fausses adresses et éditeurs imaginaires .

Je m’en voudrais de ne pas mentionner l’immense travail du chercheur américain Robert Darnton , qui a tant contribué à nous éclairer sur cette littérature que l’on dit de ‘second rayon’ .

On consultera également avec plaisir,  l'étude de Jean-François Jeandillou,  Supercheries littéraires...,   Chez Usher, en 1989.



 
Ce texte d'Henri (né Hendrik) Conscience (1812-1883) fut en premier lieu publié dans un recueil: 'Les Veillées flamandes' et traduit par la suite. Récemment publié dans la collection 'Bouquins'.

(Avril 1993)



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Requiescat in Pace

Vladimir Dimitrijevic
1934-2011


''Le directeur  des Editions L'Age d'Homme, Monsieur Vladimir Dimitrijevic, est décédé  le 28 juin 2011, des suites d'un accident de voiture.
Grâce à lui, de nombreux  ouvrages orthodoxes ont été publiés en langue française, en  particulier dans la coll. «Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle'' .


C'est lors d'une récente visite dans un salon du livre que j'ai eu le plaisir de rencontrer cet homme d'une grande simplicité et éminement sympathique. Après avoir causé quelques temps il me dénicha, dans un de ses nombreux cartons, une biographie d'Albert Paraz que je cherchais depuis déjà un certain temps.

C'est lors du même salon du livre en  2011, un an plus tard, que j'ai appris son décès de la bouche de Marco Despot --ce dernier eut un sourire en se présentant. Je connaisais peu cette maison d'édition, mais son catalogue est imposant.

 
 J'ai eu, cette année, le plaisir de faire une trouvaille au kiosque de 'L'Age d'homme': 'Le Nouveau Dom Bougre à l'Assemblée Nationale..., publié en 2007 (157 (2) p.)avec une introduction et une présentation de Branko Aleksic. Tout 'fan' de Rétif ne trouvera que plaisir à la lecture de cet ouvrage.
On lira ci-dessous le texte qui se trouve en quatrième de couverture de cet ouvrage.

''Le titre de l'ouvrage, 'Le Nouveau Dom Bougre à l'Assemblée Nationale ou l'abbé Maury au bordel', regroupe les pamphlets clandestins de Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne (1734-1806) dont nous venons de célébrer le bicentenaire de sa mort. Pour la première fois est ici identifié le pamphlet anonyme de 1790, 'Le Nouveau Dom Bougre à l'Assemblée Nationale ou l'abbé Maury au bordel' comme étant de la main de Rétif. Jusqu'ici était connue l'existence de la série de six pamphlets politiques de Rétif publiés anonymement à Paris en avril-mai 1790 contre l'abbé Maury, rival de Mirabeau à l'Assemblée nationale. 'Le Nouveau Dom
Bougre...' prête une solution à la question longuement débattue de la paternité de Rétif quant au titre homonyme d'un autre pamphlet érotico-politique: 'Dom Bougre aux États généraux'. Les textes des pamphlets qui font suite à cette série sont publiés ici pour la première fois depuis 1790. Leurs enjeux littéraires et politiques ainsi que l'aveu de 'la mise à nu' de l'auteur, sont importants pour la compréhension d'une période révolutionnaire de la littérature clandestine ('Les cachots de la Bicêtre comblés!' dit Rétif dans un autre pamphlet réédité ici également pour la première fois)''.


''Cette édition est présentée par Branko Aleksic, auteur entre autres de nombreux articles dans la revue spécialisée 'Études rétiviennes' et d'un livre bagué de Rétif (Auxerre, éd. Rhubarbe, 2006). Ont déjà été édités: 'La Morale publique des femmes (Nancy, 2003) et 'Suite du Fin Matois' de  Quevedo, ainsi que 'La Relation naïve d'un voyageur français emprisonné à l'Inquisition de Cuenca (Auxerre, 2006).                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  

Note: pour ceux que Rétif intéresse, je signale un curieux petit livre de Léonce Grasilier, publié à La Rochelle en 1927, 108 pages: 'Rétif de La Bretonne inconnu - Note et documents inédits avec une gravure'.  


"S'il ne faut pas toucher à l'ecrivain il ne faut pas non plus toucher à l'homme, sans entendre crier à la persécution, au martyre. Assézat qui fut un des érudits les plus familiarisés avec les hommes et les choses de la Révolution, a jeté les hauts cris dans une étude qu'il a placée en tête d'une réédition des 'Contemporaines': "Rétif traversa la Révolution, écrit-il, sans s'y mêler autrement que comme  spectateur." Quant à ce que disent les biographies générales ou autres, pour lesquelles Rétif est un homme capable de tous les crimes et digne de tous les mépris, et sur ses relations avec la police qui autorisa ses ouvrages, on ne voit pas trop dans quel intérêt, il faut considérer cela comme fable; si Rétif eût voulu demander du pain à quelque métier déshonorant, it n'eût pas été sans doute obligé de travailler manuellement. malgré les infirmités que l'âge avait amenées avec lui, au moment même où les 'Posthumes' étaient saisies; un appel désespére lui valut une place au ministère de la Police générale. Cette place est la cause probable des accusations portées contre lui...mais il ne put la remplir, il donna presque aussitôt sa démission"
(Grasilier cite Assézat)

Il continue: "Cette assertion contient autant d'erreurs que de lignes..."


Ce court extrait donne le ton du volume de Grasilier, où ce dernier fait état de la carrière policière de Rétif.


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CAUSTIQUE ET RÉCONFORTANT!


PASCAL BONIFACE

LES INTELLECTUELS FAUSSAIRES

LE TRIOMPHE MÉDIATIQUE 
DES EXPERTS EN MENSONGE

"Depuis quelques années, le mensonge est devenu la marque de fabrique de plusieurs intellectuels. Ces « faussaires» qui assènent sans aucun scrupule des contrevérités pour défendre telle ou telle cause sont quasi intouchables. Quoi qu'ils racontent, on les respecte et personne, ou presque, n'ose dénoncer leurs (petits) arrangements permanents avec la vérité. Le triomphe de ces "serials-menteurs" représente une véritable menace pour l'information et la démocratie.
Les "intellectuels faussaires" dont it est question dans cet ouvrage sont bien connus. Ils s'affichent sur les plateaux de télévision et tiennent des chroniques à la radio ou dans la presse. Tous brandissent la morale pour nous faire avaler leurs couleuvres. Tous distillent des énormités et des concepts creux sur l'islamisme. En levant le voile sur leurs pratiques, Pascal Boniface dénonce une nouvelle "trahison des clercs" 

Un ouvrage corrosif qui démontre, exemples à l'appui, les mensonges de certains experts et autres donneurs de leçons très médiatiques.
Une réflexion iconoclaste sur les dérives du débat intellectuel aujourd'hui en France.
Pascal Boniface est directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et enseignant à l'Institut d'études européennes de l'université de Paris VIII. II a écrit ou dirige une quarantaine d'ouvrages ayant pour thème les relations internationales, les questions nucléaires et de désarmement, la politique étrangère française ou encore l'impact du sport dans les relations internationales." (Tiré de la couverture arrière.)

'Intellectuel', du latin 'intellectus', qui s'adonne aux choses de l'intelligence. Substantif: personne qui a  un goût  pour les choses de l'esprit.


Petite anecdote rapportée par Boniface:

"... François Mitterand, fraîchement élu président de la République, et invité par Margaret Tatcher au Royaume-Uni, demanda à y rencontrer des intellectuels. Les services du 10 Downing Street ont répondu qu'ils pouvaient trouver des écrivains, des historiens, des philosophes et des chercheurs mais pas d'intellectuels". (page 17)


Le terme 'intellectuel' employé pour désigner une personne qui se prononce sur tout et sur rien, n’existe pas dans le vocabulaire nord-américain, tant de langue française qu’anglaise. Pour nous le terme ‘intellectuel’ est un adjectif. Il ne désigne pas un individu qui a pour devise: 'Je ne sais rien, mais je dirai tout'.

Si j’en crois le Dictionnaire étymologique de Bloch et Wartburg (1960, p. 337), ce mot a pris un sens plus étendu (voir ci-dessus) au XIXe siècle.

A bien entendre le sens que certains donnent au substantif 'intellectuel', il s'agirait de personnes dont  la vérité sort de la bouche, comme l'eau jaillit du rocher de Moïse,  sur tous les sujets et avec un aplomb sans faille et, peut-être un peu beaucoup de morgue. Vérité qu'ils débitent, contre rémunération sûrement, sur toutes les tribunes dont les patrons sont, soit leurs tributaires, soit partie de leur réseau. 

Et cette vérité, elle repose sur quoi? Celà, mon ami, vous en demandez trop. Questionne-t-on Dieu lui-même, ses ministres (auto-proclamés ou choisis par des amis) sur terre?

Trêve de bavardage!

Le volume de Pascal Boniface est divisé en deux parties:

1- 'De la malhonnêteté en général', plus théorique que la seconde: 'De Quelques faussaires en particulier'.

Qui sont ces 'faussaires'?



Alexandre Adler, Caroline Fourest, Mohamed Sifaoui, Thérèse Delpech, Frédéric Encel, François Heisbourg, Philippe Val (de Charlie Hedbo), et 'Le seigneur et maître des faussaires, BHL'.

Au sujet de ce dernier on lira sur le blogue de  le blogue de http://passouline.blog.lemonde.fr/ Pierre Assouline ‘La République des livres’ à l’article 'Lévy d’Arabie', un complément au volume de Boniface. Vous aurez deviné de qui il s'agit.


Bref un sujet en or pour un magazine comme ''Le Crapouillot' des beaux jours qui savait aller à contre-courant de la pensée magique.

Le 24 novembre 2011.

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Articles pour un petit dictionnaire...


“L'Opinion publique étant inconstante comme une femme, banale comme une grisette et prostituée comme une fille au premier vendeur de thériaque*,la courtiser est une faiblesse et l'esclaver est une chimère; je me sens donc trop friand de voluptés délicates et trop despote dans mon amour-propre pour prétendre jamais vaniteusement forniquer avec elle.”


Octave Uzanne, Le Calendrier de Vénus.   



De toute façon, il serait temps de prendre conscience que l’exaltation de la notion de performance vise à une domestication de l’excès. Et ce n’est nullement un hasard que désormais la même notion s’applique au domaine amoureux, au domaine artistique. Comme au domaine sportif.”


Annie Le Brun (Entretien, juin 2011 dans Le Magazine littéraire)


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Le dernier Umberto ECO 


Ci-dessus, couverture du livre d'Eco et première page du livre de l'abbé Barruel auquel il es souvent fait référence dans le texte d'Eco.
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LE CIMETIÈRE DE PRAGUE

de

UMBERTO ECO.

Pour qui s’intéresse à l’histoire plus ou moins secrète de la fin du XVIIIe et du XIXe siécles, le livre dernier ‘roman’ d’Umberto Eco sera un ravissement.
Ravissement d’abord par le style d’Eco, son humour, sa passion pour la bonne chère, etc.
Et puis fascinant par la richesse de la documentation.
Plus un choix judicieux de gravures dont plusieurs font partie de la collection d’Eco.
Ayant beaucoup lu sur le sujet -l’histoire secrète et ses nombreuses mystifications- j’ai éprouvé un plaisir soutenu à retrouver ladite histoire traversée par le protagoniste d’Eco, Simon Simonini: Garibaldi, les conspirations piémontaises, françaises, russes, l’affaire Dreyfus, Léo Taxil ,* Freud (ici le docteur Froïde, prononciation anglo-saxonne de Freud) etc.
Tout un monde interlope!
Et, à la base de toute cette histoire plus ou moins délirante, la rocambolesque histoire de la production d’un brûlot qui encore aujourd’hui attise les passions,
Les Protocoles des Sages de Sion**
En un mot, un must comme diraient les français.

N.B. “ Les ingrédients sont donc réunis por faire de ce savoureux feuilleton un diabolique roman d’apprentissage. Tout est vrai ici, à l’exception de Simon Simonini,  protagoniste dont les actes ne relèvent en rien de la fiction mais ont probablement été le fait de différents auteurs...”
(Extrait du texte de la jaquette)                             

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* On lira avec intérêt: Satan franc-maçon, la mystification de Léo Taxil, chez Julliard, 1964, 239 p., dans la collection Archives. Volume illustré au format de poche.

** L’édition Grasset de 1937 porte le titre suivant:
“PROTOCOLS”/ des Sages de Sion/ traduits directement du russe et précédés d’une introduction/ par Roger Lambelin/ avec une reproduction de la/ couverture de l’édition russe/ de 1912. Édition définitive.  

Dans cette édition, Lambelin reprend sa préface de février 1925 dont voici un extrait:

“En nous maintenant strictement sur le terrain de la critique historique, il faut reconnaître que l’origine des Protocoles demeure mystérieuse et, que son auteur ou ses auteurs restent inconnus. Toutefois quelles que  soient les sources du document, son contenu vaut d’être  retenu et divulgué. Sans doute certains passages ressemblent étrangement à des extraits du pamphlet de M. Joly, d'autres présentent de curieuses analogies avec les préceptes formulés par Weishaupt à l’usage des ‘Illuminés’. On y trouve aussi des idées émises par Vindex, de la haute vente romaine, par Bakounine, de ‘l'Alliance sociale democratique’ par Lénine même. (p. iv).

Pierre-André Taguieff, dans son

Les Protocoles des sages de Sion Faux et usages d’un faux, Paris, Berg International-Fayard, 2004, 489 p.,

est plus direct:

“Les Protocoles » ont été fabriques à Paris, en 1900-1901, par les services de la police politique secrète du Tsar, l'Okhrana, qui a fait appel, pour réaliser ce travail, au faussaire Matthieu Golovinski. Ce document, se présentant comme les minutes de séances secrètes tenues par les plus hauts dirigeants du « judaïsme mondial », était censé révéler leur programme de conquête du monde.” (quatrième de couverture).
 (8 juin, 2011)




ENCORE SHERLOCK HOLMES
voir ci-dessous.

DAN FRANCK - MINUIT.
Les artistes français et l'Occupation.


ISIDORE LISEUX un grand petit éditeur
de Paule Adamy

Curieux curiosa

chez Du Lérot éditeur

sur des auteurs, etc... Beaucoup de polars souvent encore inédits en français.

Aussi sur des sujets comme
le droit d'auteur,
la calomnie à la française de Robert Darnton
La lecture numérique












...

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                           




Que dire du dernier livre de Dan Franck, sinon que c'est un bon résumé de ce que connaissent ceux qui on lu les travaux, entre-autres, d'Henri Amouroux sur l'occupation en France et l'Épuration. Quelques mises au point sur l'ambivalence de Sartre face à l'Occupant, les prétentions mégalomanes de grand résistant, alias Colonel Berger, alias André Malraux.
Excellente iconographie. Chez Grasset, 2010, 505 pages.


                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   

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VIENT DE PARAÎTRE

Viking Canada, 2010, 350 (1) pages.
























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Vos commentaires, négatifs ou positifs sont les bienvenus!

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ISIDORE LISEUX Un grand petit éditeur.




Oui! il existe toujours de ces personnes, des chercheurs pour les nommer, qui consacrent des heures et des heures à étudier, analyser, comparer ce que le 'vulgus pecum' qualifie d'inutile.
Ne voyez aucun mépris dans l'affirmation ci-dessus: le monde est ce qu'il est et il y aura toujours des lecteurs pour dévorer des livres de type 'Harlequin', comme il y aura une catégorie de consommateurs pour les livres de cuisine et ceux de psychologie de cuisine (comment vivre sa vie et celle des autres en relation d'aide --pour ce que cela veut dire).

Tous les goûts sont la nature! Tant mieux! Citons Sade, tout en détournant quelque peu le sens de son propos:

"On n'est point criminel pour faire la peinture
Des bizarres penchants qu'inspire la nature".

Qui parle encore d'un Auguste Poulet-Malassis qui, en 1857 publia l'édition originale des « Fleurs du Mal » (sic). Poulet-Malassis, héritier d'une dynastie d'imprimeurs-libraires qui remonte au XVIe siècle.

En cherchant bien on peut arriver à trouver quelque volume qui lui est consacré, comme celui de Gérard Oberlé publié à la Librairie du Manoir de Pron (1996). Un ouvrage monumental, soit dit en passant. Un court paragraphe dans le cinquième volume du Larousse universel . Le 'Dictionnaire des écrivains de langue française mentionne son nom à l'article Charles Baudelaire (p.149). Patrick J. Kearney, dans son A History of Erotic Literature (London, 1982) y fait référence à de nombreuses reprises. Bien sûr on en parle abondamment dans les bibliographies consacrées à la littérature érotique: Gay: « Bibliographie des ouvrages relatifs à l'amour...», Rose: « Register of Erotic Books », Pia: « Les Livres de l'Enfer », Apollinaire, Fleuret et Perceau: « L'Enfer de la bibliothèque nationale » et, bien sûr l'incontournable Perceau, « Bibliographie du roman érotique au XIXe siècle ». Et pourtant!

Monumentale, la monographie de Paule Adamy, publiée chez Plein Chant en 2009, et consacrée à Liseux. Un outil indispensable pour tous ceux que l'histoire 'moins officielle' de l'édition intéresse, en particulier, celle du XIXe siècle, siècle riche en ce sens. Cinq cent trente-quatre pages dont rien n'est à retrancher. Cinq cent trente-quatre pages qui fourmillent de renseignements qui intéresseront les amateurs (curieux).

La première partie 'Liseux et son entourage' commence ainsi: « C'est une histoire qui finit mal: un libraire, Isidore Liseux, né en 1835, éditeur de 1875 (…) à 1893, « meurt dans la misère, le 11 janvier 1894 (…). Il fut enterré dans la fosse commune et sa sépulture fut détruite en 1899 ».

Cette notice comme l'indique Adamy est tirée de l''Enfer de la Bibliothèque nationale, d'Apollinaire, Fleuret et Perceau.

Dans cette première partie, on y rencontre deux personnages fort connus, Alcide Bonneau et Paul Lacroix (le bibliophile Jacob), ainsi que deux autres érudits: François Noël et Paul Ristelhuber.

La seconde partie est consacrée à 'quelques livres édités par Liseux'. On y trouve une bibliographie commentée avec un extrait de l'ouvrage répertorié. Adamy a, à mon avis, fait un choix judicieux parmi le catalogue de Liseux. Pour consulter une liste plus complète des publications de Liseux, on ira sur le site de Patrick J. Kearney:


http://scissors-and-paste.net/Isidore_Liseux.html



J'ai eu entre les mains plusieurs des titres publiés par Liseux et j'ai toujours été impressionné par la qualité de ses éditions qu'Adamy divise en catégories, ce qui est fort utile. Je me permets de citer une de ses éditions que Adamy qualifie de 'livre insolite', insolite dans le catalogue de Liseux s'entend:

''LE SONGE DE POLIPHILE. Quel livre et quelle édition, surtout avec l'introduction de Claudius Popelin et les illustrations de Prunaire.

Vient ensuite une section consacrée aux imprimeurs de Liseux et aux caractères typographiques utilisés. Section plus technique, mais tout aussi intéressante par la mine de renseignements qu'elle contient. Section qui se termine par une comparaison entre l'éditeur Jouaust et Liseux; texte que je me permets de citer car il résume en quelques mots toute la philosophie d'édition de Liseux.
La seconde partie est consacrée à 'quelques livres édités par Liseux'. On y trouve une bibliographie commentée avec un extrait de l'ouvrage répertorié. Adamy a, à mon avis, fait un choix judicieux parmi le catalogue de Liseux. Pour consulter une liste plus complète des publications de Liseux, on ira sur le site de Patrick J. Kearney:

http://scissors-and-paste.net/Isidore_Liseux.html


J'ai eu entre les mains plusieurs des titres publiés par Liseux et j'ai toujours été impressionné par la qualité de ses éditions qu'Adamy divise en catégories, ce qui est fort utile. Je me permets de citer une de ses éditions que Adamy qualifie de 'livre insolite', insolite dans le catalogue de Liseux s'entend:

''LE SONGE DE POLIPHILE. Quel livre et quelle édition, surtout avec l'introduction de Claudius Popelin et les illustrations de Prunaire.

Vient ensuite une section consacrée aux imprimeurs de Liseux et aux caractères typographiques utilisés. Section plus technique, mais tout aussi intéressante par la mine de renseignements qu'elle contient. Section qui se termine par une comparaison entre l'éditeur Jouaust et Liseux; texte que je me permets de citer car il résume en quelques mots toute la philosophie d'édition de Liseux
« Si l'on devait établir une hiérarchie entre Jouaust et Liseux éditeurs, on placerait Jouaust en premier pour l'ampleur et la variété de son catalogue, pour ses illustrations également; mais Liseux en premier pour l'originalité et la curiosité. C'était bien à Jouaust d'éditer des textes classiques, mais quoi! C'était des textes classiques: Corneille, Racine, Molière; les fables de La Fontaine et les romans de Voltaire; l'Imitation de Jésus-Christ et Daphnis et Chloé. Liseux s'enorgueillissait de pouvoir prolonger ses titres par: 'Publié pour la première fois ». Jouaust travaillait pour les deux espèces de bibliophiles: les collectionneurs et les liseurs: Liseux uniquement pour les collectionneurs qui préféraient la lecture, mais en prenant soin de leur offrir des livres bien imprimés, tirés à petit nombre. Jouaust avait, comme Jannet et ses successeurs à la tête de la Bibliothèque elzévirienne, une écurie de commentateurs. Liseux, non, travaillant la plupart du temps en tandem avec Alcide Bonneau, et l'avantage était une harmonie que l'on ne retrouve ni chez Jannet ni chez Jouaust. La personnalité de Liseux s'affiche dans le choix de ses livres, celle de Jouaust , non; Liseux est militant, Jouaust ne l'est pas. Jouaust couvre un domaine plus large que Liseux; tandis que Liseux se comporte en artisan, Jouaust est un véritable industriel ». (pp. 351-352)

Page 349, Adamy écrit, parlant de Jouaust: « Il n'eut jamais affaire à la justice... Il imprimait les grandes oeuvres de la littérature classique française, alors que Liseux se délectait de courts pamphlets anticatholiques ou de dialogues de l'Arétin. … et si Damase Jouaust était un héritier, Liseux était tout simplement pauvre ».

Et encore: « Un grand éditeur dispose de moyens importants, et Liseux ne fut jamais riche ni ne voulut le devenir: l'idée de profit ne l'a jamais effleuré. Un fou de lecture, un artisan du livre soucieux d'imprimer des textes qui, d'une manière ou d'une autre dérangeaient. Liseux, tout désargenté qu'il était, soignait à la fois l'établissement et son habillage matériel ». (pp 13 et 15)

Liseux, comme Bonneau -l'autre roue motrice de cet extraordinaire tandem-- était un produit des 'petits séminaires', maisons d'éducation destinées ultimement à donner des prêtres à l'Église, après une scolarité incluant l'étude intensive des langues mortes et vivantes, de la philosophie --thomiste évidemment-- et autres matières accessoires. Ces institutions ont donné à la société des anticléricaux, des adversaires farouches de l'Église, tout comme des membres éminents d'icelle. Ceux qui ont vécu cette rigoureuse mais enrichissante expérience comprennent comment des ecclésiastiques ont réussi à former tant de leurs irréductibles adversaires.

Adamy passe assez vite sur les publications en anglais de Liseux, un domaine que, comme le souligne Bonneau , Liseux se réservait.
Elle se contente d'un laconique: «À la fin de sa vie Liseux pouvait présenter un catalogue uniquement consacré à ses traductions ou éditions anglaises, intitulé (sans surprise!): English Publications, où le nombre des livres sulfureux l'emportait de loin sur celui des facéties. » p. 60. Son « L'Amour aux colonies » (1893), par exemple, est devenu « Untrodden Fields of Anthropology » et a été repris par de nombreux éditeurs américains. Il en va de même pour « Padlocks and Girdles of Chastity » (1892).

Je me suis amusé à retracer dans les catalogues de C.J. Scheiner (libraire de New York) les oeuvres qu'il a, à un moment où à un autre, mis en vente, et ayant un lien avec Isidore Liseux:

43Aretino, RAGIONAMENTI, Isidore Liseux, Paris, 1889.

Note de Scheiner: First complete English translation of Aretino's scandalous 16th C (entury). dialogues on love and sex.

252Chorier, Nicholas, SELECT DIALOGUES FROM MERSIUS, Isidore Liseux, Paris (NY), 1890, (c. (opyright), 1925.

255Chorier, Nicholas, THE DIALOGUESCNOF LUISA SIGEA, Isidore Liseux, (J. Brussel), Paris (NY), 1890 (c. (opyright) 1925.
306Cornanzo, PROVERBS IN JEST, Isidore Liseux, Paris, 1888.

487-488Firenzuola, TALES OF FIRENZUOLA, Isidore Liseux, Paris, 1889.


900Meibomius, A TREATISE ON THE USE OF FLOGGING IN MEDECINE AND VENERY, Isidore Liseux, Paris (NY), 1898 (1925).

1145-1146 Sade, D.A.F., OPUS SADICUM, Isidore Liseux, Paris, 1889

1147 Sade, D.A.F., OPUS SADICUM, Isidore Liseux, Paris (NY), 1889 (c (opyright) 1935).

Note de Scheiner: First American printing of the Liseux edition. This volume is a typographic curiosity , the clandestine nature of its printing resulting in the use of various types of letterpress along with offset reproduction.

NOTE: « Justine ne se présentait sous une couverture standard. La couverture, en guise de titre et de nom d'auteur, porte: Liber Sadicum (Livre de Sade et non Livre sadique; … Le véritable titre: Justine ou les Malheurs de la vertu est donné à l'intérieur du volume, sur la page de titre, ... » (Adamy, pp. 367-368)


1218 Sinistrari, DEMONIALITY OR INCUBI AND SUCCUBI, Isidore Liseux, Paris, 1879.

1219 Sinistrari, PECCATUM MUTUM. THE SECRET SIN, NY, 1958. Reprint en facsimilé agrandi de l'édition de Liseux par J. Brussel.

1026 Édition en français de Pogge

1027 Poggio, THE FACETIAE OR JOCOSE TALES OF POGGIO, Isidore Liseux, Paris, 1879.

267 Cleland, John, MÉMOIRES OF FANNY HILL, Isidore Liseux, Paris, 1888.

Note de Scheiner: « The first Liseux edition in English, elegantly printed by Unsinger. Complete text probably supplied by J.S. Farmer from a 2 volume '1749' edition*** he bought at the Manderstrom auction in Sweden. As this text did not contain the infamous homosexual scene of the first edition, Liseux supplied it as a footnote at its proper place, probably from Ashbee.

Note: Les numéros donnés sont ceux que Scheiner a utilisés dans son 'The Compendium: Being a Listing of all the Books in C.J. Scheiner (Books) Catalogues 1 – 6 Arranged Alphabetically, daté de 1989. Il s'agit donc d'une vue partielle des oeuvres éditées par Liseux et offerts par le librairie.

Parlant toujours des éditions en anglais de Liseux: Alfred Rose (compilateur), dans:

REGISTER OF EROTIC BOOKS Vel (sub hac specie) Dubiorum: Opus Bibliographicum Et Praecipue Bibliothecariis Destinatum, New York, Jack Brussel, 1965, xi (i) pp. 398, mentionne au numéro 1327 de sa nomenclature:

« DEMONIALITY or incubi and succubi » a Treatise... By the Reverend Father Sinistrari of Ameno (17th Cent (ury). From the original Latin MS (manuscript) discovered in London in 1872 and translated into French by Isidore Liseux. Now first translated into English with the Latin Text. pp. Xvi + 252, with 7 pp. of catalogue, sm. 8vo. Isidore Liseux, Paris, 1879.

Les éditions en anglais de Liseux sont également et minutieusement décrites dans:

Mendes, Peter, Clandestine Erotic Fiction in English 1800-1930 A Bibliographical Study, publié par Scolar Press en 1993.

Excellente bibliographie commentée, soit dit en passant.

Je ne fais que mentionner les trois volumes d'Ashbee: Index Librorum Prohibitorum aussi connus sous le titre de The Encyclopedia of Erotic Literature. Ashbee (Pisanus Fraxi) connaissait Liseux et le rencontrait quelques fois lors de ses visites à Paris.
Concernant Ashbee, Adamy mentionne dans sa 'Bibliographie sélective' sous ce nom d'auteur, 'Ma Vie secrète', au Cercle du Livre Précieux, 1961. Si ce livre vous intéresse, voici l'édition à ne pas lire. Il s'agit de la pire édition en français de ce texte: un seul volume alors que 'My Secret Life' publié par Grove Press (1969) fait 2359 pages sur deux volumes. L'édition originale (Brancart?) comprenait 11 volumes. Pour plus de renseignements sur 'My Secret Life on consultera 'Forbidden Books Notes and Gossips on Tabooed Literature by an Old Bibliophile (attribué à John S. Farmer), pp. 35-58. On consultera aussi: 'The Erotomaniac The Secret Life of Henry Spencer Ashbee de Ian Gibson (Faber and Faber, 2001, xv 285 p.)

Il existe une traduction de My secret Life' par Mathias Pauvert, que l'on trouve facilement. Une traduction de beaucoup supérieure
celle du Cercle du Livre Précieux.

Fin de l'aparté, retour au texte de Paule Adamy.

La section consacrée à L'Art de l'édition est quelque peu technique, surtout quand l'auteur aborde la question des caractères utilisés par les différents éditeurs mais elle demeure d'une lecture agréable et vous pouvez la lire en diagonale sans que cette petite transgression ne nuise à votre connaissance de Liseux.

A ne pas faire avec la section 'La Recherche littéraire' tant elle est riche en renseignements sur les chercheurs, les sources et certains éditeurs dont Poulet-Malassis, les Gay, père et fils.

La douzaine de pages consacrées à 'Liseux en éditeur érotique' montrent que rien ne change dans le monde de l'édition: un livre a du succès, d'autres s'empressent de plonger dans l'assiette au beurre: exemple: les publications des frères Briffaut (Bibliothèque des Curieux...), les 'récupérations' d'Apollinaire (et ses nègres), etc. .

En 'Annexe', une bibliographie commenté des ouvrages publiés par Liseux.

Mon appréciation: un petit bijou ciselé avec beaucoup de soins. Un hommage à Liseux qui le mérite bien pour nous avoir livré tant de trésors.

Bravo madame Adamy!

Toujours sur Liseux.

De 'Curieux curiosa' Onzième Colloque des Invalides 9 novembre 2007' publié par Du Lérot, éditeur (2009, 204 (1) p.), une communication d'Olivier Bessard-Banquy: 'Isidore Liseux, ancien séminariste' (pp. 99-112) , je tire ces propos de Liseux:

« Il y a dix ans que j'édite: au seuil de ma onzième année j'éprouve un peu de cette torpeur, de ce pressentiment de la fin qui paralysait , à l'approche de l'an mille, les Chrétiens du Moyen Âge. A quoi bon, d'ailleurs, tant d'efforts? (…) Les livres et la science ne sont que vanité, comme le reste : tout ce bavardage écrit ne m'a jamais paru bon qu'à me distraire, et avec moi quelques lecteurs. J'ai amusé les uns: les gens de sens et de belle humeur, les tolérants, les sceptiques; j'ai irrité les autres: les envieux, les malingres, ceux qui enragent du plaisir d'autrui. Des animaux malfaisants, hiboux encapuchonnés, renards mitrés, chats fourrés, vipères, fouines, belettes, ont voulu me nuire, sans trop de succès. Plaies d'argent ou plaies d'honneur (j'entends honneur à la façon de ces êtres-là) me sont peu sensibles. Des magistrats (…) ont déployé à mon intention l'appareil majestueux et formidable de la Cour d'assises Il paraît que j'avais outragé les Bonnes Mœurs (de vieilles demoiselles que je ne connais même pas de vue, ne les ayant rencontrées nulle part), en imprimant à cent cinquante exemplaires, des poésies du seizième siècle. Un jury composé de bourgeois fort civils, maîtres chaudronniers, maçons, bouchers, fumistes, m'a déclaré coupable . Voilà, certes, une loi sur la Presse bien raisonnable, qui remet à des juges, de cette compétence l'appréciation d'un délit de littérature ». (p. 107)









LIVRES-PAPIER - LIVRES NUMÉRIQUES

La querelle qui oppose les tenants du livre-papier à tout prix me semble vaine quand on considère la possibilité de se procurer des éditions électroniques de certains textes introuvables. Comment obtenir le texte disparu des rayons, virtuels ou autres, sinon par la voie électronique. Doit-on se priver de lire un texte 'épuisé', sous prétexte qu'aucun éditeur de livres-papier n'en a fait une réédition?

Des sites comme


http://www.litteratureaudio.com/ (plus de 1000 titres)

http://librivox.org/


http://www.audiocite.net/


nous offrent des milliers de titres (au format mp3 et autres)tombés dans le domaine public. Les sites ci-dessus proposent, et ce gratuitement, des milliers de livres lus par des bénévoles.

Pour des textes 'écrits', on consultera le doyen de ces sites:

http://www.gutenberg.org/wiki/Main_Page (textes écrits à lire sur ordinateur ou autre support.

Quel plaisir de lire ou écouter ces textes introuvables chez les bouquinistes!

N.B. les illustrations proviennent du magazine LIRE.



6 mars 2010

***




CONNELLY,

THE SCARECROW:

bientôt en français?


(À lire ci-dessous, un compte-rendu de lecture de l'édition américaine)












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Auteur: MICHAEL CONNELLY
Titre: THE SCARECROW
Éditeur: Little, Brown and Company
Date de publication: Mai 2009
Pages: 418 (5) 14.
Titre en français: ?
Note: L'édition américaine ci-dessus comprend les deux premiers chapitres de NINE DRAGONS (14 pages). L'édition 'poche' américaine sera disponible le 26 janvier 2010.



Principaux personnages

Jack McEvoy, reporter au Los Angeles Times
Rachel Walling, agent du F.B.I.

Wesley John Carver dit le The Scarecrow, co-fondateur et génie informatique de Western Data, une firme, hôte de sites web et hébergeant des données pour entreprises.

Freddy Stone de son vrai mon, Marc Courier, employé de Western Data et complice de Carver.

Résumé:

McEvoy va terminer som emploi avec le L.A. Times, suite à ce que l'on nomme aujourd'hui une restructuration. Il coûte trop cher. Durant ses jours de pré-avis, il va enquêter sur un crime qui va se révéler beaucoup plus complexe qu'il ne le croyait. La confession d'un jeune suspect noir s'avère fausse et McEvoy, avec son flair habituel, va discerner un 'pattern' qui implique un tueur en série. Son chemin va croiser celui de Rachel Walling qui fut sa maîtresse à une autre époque et ils vont faire équipe.

"The Scarecrow" est divisé en deux narratifs distincts.

1- Narration à la troisième personne pour la partie mettant en scène le criminel. Partie identifiée sous le titre général 'The Farm', l'emplacement des données hébergées par la Western Data. Dès les premières pages, on fait la connaissance du criminel.

2- Récit de Jack McEvoy (à la première personne du singulier) qui nous conduit du début à la fin de l'enquête.

Il est un phénomène que l'on remarque de plus en plus dans la littérature policière et dans le roman noir aux États-Unis –cette observation ne s'applique pas seulement à la littérature américaine.-- c'est l'utilisation du fétichisme. Dans le cas qui nous occupe ici, il s'agit de l'utilisation d'attelles (leg braces) lors de la torture des victimes. On parle aussi de 'snuff movies' puisque les tortures et les décès des victimes sont captés sur vidéo.

Pour ceux qui veulent savoir plus sur

ce fétichisme:

http://en.wikipedia.org/wiki/Abasiophilia

Sur les 'snuff movies';
http:fr.wikipedia.org/wiki/Snuff_movie

Connelly, avant de devenir le grand romancier qu'il est devenu, il fut journaliste, section homicides. Ce qu'il raconte a une base véridique: il connait les rouages du métier et cela est bien évident dans ses livres. Bien sûr ses livres sont de la fiction. Jusqu'à quel point sont-ils vraiment de la fiction? Voir à cet effet ses Chroniques du crime'.

Un autre élément que Connelly introduit dans son livre: l'informatique et ses techniques utilisées dans un but criminel. Wesley John Carver dit le The Scarecrow se sert de l'informatique qu'il maîtrise, pour recruter ses victimes tout en utilisant les immenses ressources de la Wesley. A certains moments les explications techniques utilisées par Carver deviennent un peu ... techniques, ce qui peut causer un désagrément pour le leceur. Un désagrément heureusement assez mineur, somme toute.

En résumé, du bon Connelly qui maintien le suspense du début à la fin. Vivement une traduction en français pour ceux qui ne lisent pas l'anglais ou l'américain, c'est selon!


CONNELLY REPORTER

Publié en 2004 des chroniques policières: CRIME BEAT A Decade of Covering Cops and Killers. En français: "Chroniques du crime" (Seuil, 2006).



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DASHIELL HAMMETT







Gallimard vient de publier dans la collection QUARTO, Les Romans de Dashiell Hammett. Il s'agit d'une nouvelle traduction par Natalie Beunat, Pierre Bondil, 1064 p
ISBN : 9782070783298

Les romans, soit Moisson rouge - Sang maudit - Le Faucon maltais - La Clé de verre et L'Introuvable ont été publiés ensemble dans l'édition de Literary Classics of the United States en 1999 (967 p.) c'est-à-dire The Library of America. Les titres originaux sont: Red Harvest, The Dain Curse, The Maltese Falcon, The Glass Key et The Thin Man.
Cette même maison a également publié de Hammett, Crime Stories and Other Writings (934 p.)

Quand c'est possible, le lecteur aura avantage à lire le texte original. Le style de Hammett est peu commode à traduire.
Dans Moisson rouge (Red Harvest), l'auteur parle d'une époque bien précise, d'un milieu circonscrit soit celui de la petite pègre ayant un langage dont certains des termes n'ont pas survécu dans l'argot américain d'aujoud'hui. Le traducteur fait donc face à au moins deux problèmes: rendre en français l'argot américain et de plus traduire un argot bien daté dans l'histoire de la langue. Tache peu facile on en conviendra.

Hammett situe l'action de son roman dans une ville qu'il nomme "Personville" qui devient "Poisonville" à cause de la corruption endémique qui y règne mais aussi à cause de la pronciation de Pers.." par certains groupes linquistiques américains chez lesquels le son "pers" devient "poiss"; phénomène que l'on retrouve également en certains endroits du Royaume-Uni et un peu partout dans le monde.

Venons-en aux personnages du roman.
Le personnage principal du roman est le "Continental Op", personnage sans nom autre que celui de l'agence qui l'emploie et dont le patron est désigé comme étant "the Old Man". Le "Continental Op" fera appel à deux collèques pour l'assister dans son nettoyage de Personville après avoir reçu un mandat écrit et signé par le père de son premier employeur (Donald Willson). Ces deux collègues sont clairement identifiés et décrits tant physiquement que psychologiquement. Hammet va jusqu'à qualifier le langage d'un de ces détectives envoyés de San Francisco, "the Canadian" qui utilise un langage télégraphique pour faire ses rapports au "Continental Op". Le personnage principal demeure donc anonyme, un genre de produit de nettoyage pensant, un mythe américain ou l'on rêve de pureté sans égard aux moyens à utiliser pour y arriver. En d'autres mots, le héros de "Moisson rouge" n'est pas un modèle de légalité.
Les personnages masculins de l'histoire sont les malfrats qui dirigent, ouvertement ou dans l'ombre, Personville. L'auteur nous donne les noms de ces personnages, mais ils sont également identifiés par des surnoms qui décrivent leur origine, soit "Pete the Finn", soit un trait physique, "Whisper" (le "chuchotteur",Thaler), soit un trait physiologique, "The Lunger" (un phtisique nommé Dan Rolff), et protégé du personnage féminin principal, Dinah Brand. La description qu'il fait de Ms Brand est loin d'être flateuse tant sur les plans physique et vestimentaire. Elle est une femme ambitieuse qui a des comptes à régler avec Personvile et compte bien utiliser tous les moyens dont elle dispose, y compris le chantage. Elle finira comme tous les vilains de ce roman, aux pompes funèbres.
On retrouve deux autres personnages féminins dans cette noire histoire: Mrs Donald Willson, que son beau-père, le tsar de Personville (Mr. Elihu Willson) décrit comme étant "jalouse, dominatrice, enfant gâtée, pleine de soupçons, cupide, mesquine, sans scrupules, fourbe, égoïste, mauditement mauvaise (damned bad), bref une gourgandine française (a French hussy)" que son fils avait épousé en France.
La troisième femme de cette histoire, Helen Albury, habite un logement face à celui de Dinah Brand. Elle a été témoin de choses étranges lors de la nuit du meurtre de cette dernière, choses qu'elle raconte et qui font que le "Continental Op" est recherché pour meurtre.

J'ai glissé un mot sur le langage employé par Hammett. Il est très adapté au milieu, à l'époque, et aux personnages qu'il met en scène. Ce n'est pas l'anglais de Poe ni celui de Fitzgerald; il utilise un langage que les traducteurs désignent sous le vocable un tantinet méprisant d'"américain". Une langue qui n'est pas celle de T.S. Eliot, américain devenu britannique. Elle est d'un monde nouveau avec des réalités nouvelles, des réalités typiquement américaines que l'on ne retrouvait pas au Canada à la même époque,malgré la proximité géographique de ce dernier avec les U.S.A.
Hammet sait adapter son style --le style noir, si l'on peut s'exprimer ainsi--. Une exception le passage où le "Continental Op" raconte sa visite à l'avocat Charles Proctor Dawn qui est une pièce d'anthologie. Je ne puis résister au plaisir d'en citer un extrait où l'avocat explique au "Continental Op" pourquoi ildoit le faire chanter, en des termes pédans.
"It may well be, my dear sir, that you do not fully comprehend the peril that surrounds you, but it is undubitaly preposterous that you should expect me to suppose that you are without any inkling of the difficulties --the legal difficulties, my dear sir, with which you are about to be confronted,growing, as they do, out of occurences that took place at no more remote time than last night, my dear sir, last night." (Je renonce à traduire cette phrase; je me contente d'en donner l'essentiel: 'vous n'êtes pas sans savoir que de grandes difficultés vous guettent eu égard aux événements d'hier soir'. )
Et ainsi de suite!
Et cette phrase de MacSwain, un des malfrats de Personville: "That lousy ring wasn't worth no grand (mille dollars). I did swell to get two centuries for it (j'ai eu peine à en obtenir deux cents dollars)."
En apparence deux univers différents; en réalité les deux faces de la même pièce de monnaie.
Hammet, le père fondateur du roman noir américain en une époque troublée par la Dépression et la Prohibition. Deux facettes d'une même hypocrisie d'un seul but à atteindre, le pouvoir par l'argent. Hammet dans "Moisson rouge" nous donne un instantané comme M. Eastman nous a donné les moyens techniques et bon marché de voir le vrai visage de l'Amérique. Un roman? Non! Un témoignage qui en vaut bien d'autres!
Note: Les citations proviennent de l'édition américaine citée ci-dessus.








12 janvier 2010


ARTICLES MOINS RÉCENTS


DÉLITS D'INCROYANCE!



Lu avec grand intérêt le plus récent volume de Georges Minois; "Le Traité des trois imposteurs - Histoire d'un livre blasphématoire qui n'existait pas".
(Albin Michel, janvier 2009, 328 p.)

Il y a de nombreuses années, j'ai fait l'acquisition de l'édition du "Traité..." que mentionne Minois: 'Aux éditions de l'idée libre'. Ladite édition porte la mention suivante en page de couverture: 'Attribué à Mr le Baron d'Holbach'.

Cette édition comprend, en plus du "Traité...", les textes suivants:
- "Sentiments sur le traité des trois imposteurs. Extrait d'une lettre ou dissertation de M. de La Monnoye à ce sujet". (page 113);

- "Réponse à la dissertation de M. de La Monnoye sur le traité des Trois Imposteurs". (p.139);

- "Copie de l'article XI du tome premier, seconde partie des Mémoires de Littérature, imprimés à La Haye, chez Henri de Sauzet, 1706".

Ces trois imposteurs sont, comme l'indique page de couverture de l'édition de l'idée libre:

- Moïse: 'Il n'y eut jamais de peuple plus ignorant que les Hébreux, ni par conséquent, plus crédule. ...Au milieu d'une telle populace, il ne fut pas bien difficile à Moïse de faire valoir ses talents. Il leur fit accroire que son Dieu (qu'il nomma simplement un ange, le dieu de leur père lui était apparu: que c'était par son ordre qu'il prenait soin de les conduire; qu'il l'avait choisi pour les gouverner, qu'ils seraient le Peuple favori de ce dieu, pourvu qu'ils crussent ce qu'il leur dirait de sa part'. (p. 53)

- Mahomet: 'A peine les disciples du Christ avaient éteint la Loi Mosaïque, pour introduire la Loi Chrétienne, que les hommes, entraînés par leur inconstance ordinaire, suivirent un nouveau législateur, qui s'éleva par les mêmes voies que Moïse. Il prit comme lui le titre de prophète et d'envoyé de Dieu; comme lui, il fit des miracles et sut mettre à profit les passions du peuple'. (p.81)

- Jésus: 'Jésus-Christ qui n'ignorait ni les maximes ni la science des Egyptiens, donna cours à cette opinion;il la crut propre à son dessein. Considérant comment Moïse s'était renfu célèbre, quoiqu'il n'eût commandé qu'un peuple d'ignorants, il entreprit de bâtir sur ce fondement et se fit suivre par quelques imbéciles auxquels il persuada que le Saint-Esprit était son père, et sa mère une vierge'. ... (p. 59)

Le livre de Minois

On trouve en quatrième de couverture le texte suivant:

'C'est au XIIIe siècle, en plein conflit entre le pape et l'empereur, que Rome commence à faire circuler la rumeur infamante à propos de Frédéric II Hohenstaufen: soupçonné d'indifférentisme, voir d'athéisme, celui-ci serait l'auteur d'un livre sulfureux, Le Traité des trois imposteurs. Tout est dans le titre, blasphème suprême censé dénoncer à la fois Moïse, Jésus et Mahomet comme vils affabulateurs brandissant la menace de la colère divine et de ses châtiments éternels pour mieux asseoir leur tyrannie.
Or, de ce supposé pamphlet n'existe précisément que le titre! Durant un demi-millénaire, les auteurs les plus divers seront successivement soupçonnés d'avoir rédigé ce livre que nul n'a jamais vu, mais qui alimente les fantasmes des inquisiteurs comme des libres-penseurs. Le Traité des trois imposteurs finira par exister pour de bon au XVIIIe siècle, empruntant alors son contenu aux polémistes anti-chrétiens de l'Antiquité comme à Spinoza.
A travers l'étrange biographie d'un livre fantôme, c'est toute l'histoire de l'athéisme, du blasphème et de la libre pensée qui se dessine in filigrane de cette étude érudite au ton enlevé'.

Un livre qui fait le point sur cette mythique publication!

***

Gabriel Peignot dans son 'Dictionnaire critique, littéraire et bibliographique des principaux livres condamnés au feu, supprimés ou censurés: précédé d'un discours sur ces sortes d'ouvrages', (Paris, Renouard, 1806, vol. 2 p. 132) écrit au sujet du 'Livre des trois imposteurs', qu'il décrit comme étant l'oeuvre de Spinosa:

'SPINOSA*. La Vie et l'oeuvre de Benoît Spinosa Imp. en (Hollande) 1712, in-8.
On croit que l'auteur de cette production infâme est un médecin de La Haye, nommé Lucas, et sectaire de Spinosa'.

* Baruch Spinoza, également connu sous les noms de Bento de Espinosa ou Benedictus de Spinoza, 1632-1677.




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CÔTÉ POLICIERS (POLARS)

Il est toujours préférable de lire un ouvrage dans sa langue d'origine. Malheureusement ce n'est pas toujours possible: il faut alors se rabattre sur une traduction. ‘Traduire c'est trahir’ dit-on.
En français HODEJEGERNE (titre original) du norvégien Jo Nesbø, devient Chasseurs de têtes. Vérification faite le titre français correspond mot pour mot au titre original. Pour ce qui est du texte français lui-même, j'avoue que certaines phrases me semblent, disons un peu de guingois et peu faciles à comprendre. Mais bon, n'ergotons pas sur des détails. Le traducteur a probablement dû travailler très vite. L'essentiel c'est qu'avec un peu d'attention le lecteur s'en tire très bien. Mais venons-en au livre lui-même. Dans la livraison de l'édition de juin 2009 du magazine LIRE consacré au 'polar', (page 30), on trouve un articulet sur deux auteurs norvégiens, Gunnar Staalesen et Jo Nesbo (sic: sans ø). On y mentionne que dans le volume dont il est question ici, l'auteur délaisse son 'personnage récurrent, Harry Hole...' pour Roger Brown, chasseur de têtes à l'emploi d'une importante firme de recrutement, Alfa, dont il est 'le meilleur' celui qui ne rate jamais, présente toujours le meilleur candidat', etc.
Ayant lu, en mon temps, Peter Wahlöö, Mankell et Stieg Larsen, et quand même assez ignorant de la littérature policière 'du nord', je me procurai le volume publié en grand format dans la Série noire (avril 2009, 310 pages). J'avoue que le début m'a peu attiré et que j'ai même pensé à cesser ma lecture. Mais j'ai persévéré et je n'ai pas été déçu de ma décision. Malgré mes réticences, je donne une bonne note au texte français d'Alex Fouillet. Intrigue: très bien si l'on considère que l'on lit un texte conçu dans un esprit qui diffère de nos modèles anglo-saxons: auteurs du Royaume Uni ou des États-Unis . Dans ce volume on ne lit pas du Ian Rankin (il est écossais) ou du Michael Connelly qui demeure à mes yeux, inimitable.
Quand je parle de littérature policière américaine, je ne parle pas de ces auteurs à 'recette' comme Sue Grafton, Sarah Paretski ou Patricia Cornwell et pourquoi pas Dan Brown avec ses ‘Da Vinci’ et autres oeuvres de la même eau. qui ayant trouvé une formule 'qui marche' l'exploitent à fond comme le font les grandes multinationales avec un produit-vedette ou les cinéastes avec leurs séquelles. Pour ce qui est de Dan Brown, on est loin de ce qui est, à mon avis, sa meilleure oeuvre: ‘Digital Fortress’.
Elles (Grafton et autres) sont, comme d'autres écrivains américains, mâles ceux-la, les produits de ces écoles (college), universitaires ou autres, qui enseignent l'art d'écrire comme le faisait ce 'software' que l'on pouvait se procurer il y a quelques années et qui enseignait l'art d'écrire à peu près n'importe quoi.
Holà!
Ne m'accusez pas de misogynie littéraire. N'est pas Agatha Christie ou Ruth Rendell qui veut, ou Mignon C. Eberhart.
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''Qu'on me montre quelqu'un qui ne peut souffrir le roman policier: ce sera un pauvre type, un pauvre type intelligent --peut-être -- mais un pauvre type tout de même.''
Raymond Chandler.

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La bibliographie est une science exigeante qui s'adresse tout spécialement à une catégorie de personnes: bibliothécaires, etc., et amateurs qui veulent en connaître le plus possible sur un livre ou une catégorie de livres.

Mon propos n'est pas de parler de bibliographies dans leur forme scientifique, mais plutôt de mentionner certains ouvrages qui ne sont pas des bibliographies, mais dont l'esprit se rapproche de celle-ci.

Le GUIDE DES 100 POLARS INCONTOURNABLES, par Hélène Amalric (Librio, avril 2008, 110 p.) m'apparaît exemplaire. L'auteur y recense des titres qui ont marqué l'histoire du roman policier, de 1841 à 2005 (A. E. Poe à Stieg Larson). Son choix est excellent.

Le fait de placer le livre de Poe au tout début de sa nomenclature néglige cependant une oeuvre publiée au dix-huitième siècle que plusieurs considèrent comme le premier roman policier. Il s'agit de: 'Things as they are or the Adventures of Caleb Williams', de Willam Godwin, père de Mary Shelley (Frankenstein). Godwin (1756-1836), auteur de Political Justice, écrivit son 'thriller', qui raconte l'histoire de Caleb Williams, serviteur d'un aristocrate au sujet duquel il découvre un terrible secret. Godwin fit paraître ce livre alors qu'il avait trente-sept ans, soit près d'un demi-siècle avant la parution de 'Double Assassinat dans la rue Morgue de Poe. On retrouve dans 'Things are ...' le cheval de bataille de Godwin, l'inéquité des citoyens de l'époque face à la justice, mais aussi les éléments du roman policier, éléments que l'on retrouvera plus tard tout au long de l'histoire de ce genre littéraire.

On peut retrouver le texte, en anglais, de ce roman sur 'Project Gutenberg' :


Un tel livre, celui d'Almaric, est fort utile pour qui veut être guidé dans le labyrinthe de la littérature policière capable du meilleur et aussi du pire. Ce livre souffre seulement des limites éditoriales imposées à l'auteur, soit un nombre limité de pages.. De plus, son prix en dollars canadiens me semble exagéré soit 5.45$ pour trois euros.

Un autre guide, celui-ci plus spécialisé, a paru aux éditions Encrage. Il s'agit de '99 Chambres closes guide de lecture du crime impossible' de Roland Lacourbe et Robert Adey (1991, 222 p.)


Ce livre est tellement intéressant que je ne résiste pas au plaisir d'en partager avec vous le sommaire:
- Histoire d'un thème (par Robert Adey);
- Technique du crime en local clos;
- 99 chambres closes (synopsis de 99 romans ayant pour base le crime en local clos);
- 33 autres curiosités (d'autres oeuvres);
- 6 grands détectives de l'impossible (de Jacques Futrelle à Edward D. Hoch;
- Les meilleurs romans de chambres closes;
- Dernière minute (le choix de Robert Adey);
- 99 solutions (La clef des 99 romans ci-dessus).
A mon avis un volume essentiel: tant d'auteurs méconnus et maintenant quasi oubliés, comme Freeman Wills Croft, S.S. Van Dine, Marcel Lanteaume et de nombreux autres.

On en retrouve encore des exemplaires sur Internet pour une cinquantaine de dollars.


Le troisème ouvrage est Polars et films noirs de François Guérif et Claude Mesplède chez Timée-Éditions (2006, 142 p.).

Un vrai plaisir pour l'esprit et les yeux!

De courts textes sur les grands du polar accompagnés d'une excellente iconographie.

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Du bon ou du mauvais usage de l'histoire.

Je ne peux résister à signaler l'excellent billet de Pierre Assouline, dans le magazine L'HISTOIRE de novembre 2009: Fausse note (page 98).

On connaît le battage médiatique au sujet de la série télévisée APOCALYPSE qui déclare: ''Ceci est la véritable histoire de la Seconde Guerre mondiale''. Rien que cela!

''La vérité vraie, vraiment?'' d'écrire Assouline.

Et Assouline de continuer:'' Les auteurs (d'Apocalypse) ont voulu convaincre le plus grand nombre. De leur propre aveu, il s'agissait de bluffer les jeunes spectateurs. ... (par) leur dramaturgie de l'histoire.''

Les documents d'époque présentés dans la série télévisée ont subi '' un triple traitement (de la part des auteurs) : montage, colorisation, sonorisation''. '' ... ''tout montage est manipulation, on peut faire dire ce que l'on veut à des images.''

Et il continue; ''La colorisation, pardon, la ''restitution de couleurs'' pour parler comme les réalisateurs, a consisté à donner une unité à des images qui n'en avaient pas.''

Nous apprenons dans ce billet ''qu'en fait ce respect d'auschwitz dans son intégrité était une condition posée par la Fondation pour la mémoire de la Shoa pour participer au financement du film.''

Bonjour l'objectivité.

Et si on demandait aux partisans de Pinochet de financer un film sur ce dernier?


Autre commentaire critique du billetiste: ''Apocalypse souffre d'un manque cruel de distanciation entre le document d'archive et la réalité: il nous est présenté comme étant la réalité.''

L'histoire de la Seconde Guerre mondiale est devenue un véhicule de propagande; rien de moins. Est-ce là le but de l'histoire: choisir des faits, les monter en épingle pour le bon peuple qui ne peut penser par lui-même puis l'asperger de ce que l'on nomme la vraie vérité?

Et si il y avait tout simplement des faits! Ce serait probablement trop simple.

P.S. Au moment de l'écriture de ces lignes, l'histoire (http://www.histoire.presse.fr), n'avait pas encore mis en ligne sur son site, le billet commenté ci-dessus.

6 décembre 2009.

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CÉLINE FOREVER!

"En ce sens, la publication de la correspondance complète est un chevau-léger de l’ultime charge à venir* de l’ancien cuirassé Destouches . Ça risque d’être hénaurme et violent. Mais comme l’a répondu l’intéressé à un correspondant qui lui reprochait l’usage immodéré de « merde » dans ses textes : « Chie pas juste qui veut. » "

* i.e. les pamphlets.

Pierre Assouline dans l'édition web du Magazine littéraire.

13 décembre 2009
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DEUX POÈMES D'ALEISTER CROWLEY

Dans sa brochure ABSINTHE (1918), Aleister Crowley, l'occultiste britanique, écrivit un court essai sur l'absinthe, La déesse verte. Il aurait écrit ce texte alors qu'il attendait qui? on ne sait, assis à une table de 'Old Absinthe House' à la nouvelle-Orléans. Le texte est en anglais mais y est inséré un poème en français que nous reproduisons ici.






L'ABSINTHE

Appolon, qui pleurait le trépas d'Hyacinthe,
Ne voulait pas céder la victoire à la mort.
Il fallait que son âme, adepte de l'essor,
Trouvât pour la beauté une alchimie plus sainte.
Donc de sa main céleste il épuise, il éreinte
Les dons les plus subtils de la divine Flora.
Leurs corps brisés souspirent une echalaison* d'or
Dont il nous recueuillait la goutte de --l'Absinthe!

Aux cavernes blotties, aux palais pétillants,
Par un, par deux, buvez ce breuvage d'aimant!
Car c'est un sortilège, un propos de dictame**,
Ce vin d'opale pâle avortit la misère,
Ouvre de la beauté l'intime sanctuaire
--Ensorcelle mon coeur, extasie mon âme.

* probablement exhalaison.
** Dictame: en langage poétique, adoucissement, baume.

Dans un recueuil, CLOUDS WITHOUT WATER, Crowley inséra le poème ci-dessous.Celui-ci est en français: écrit en 1907 et publié en 1909. Il s'agit, selon son biographe Lawrence Sutin, de poésie érotico-mystque célébrant une des muses de Crowley, Vera Snepp, c'est-à-dire Lola.
On lira sur cette période de la vie du mage les pages 179 à 181 de l'édition de 2002 (détails ci-dessous) du livre de Sutin. A ce moment, Crowley est au début de la trentaine et vient de mettre un terme à sa vie maritale avec Rose à cause des excès de celle-ci. Ce qui n'empêche pas le poète de lui confier la garde de leur fille Lola Zaza.

Ce poème sans titre débute ainsi: ''Dieu libre et libertin...' , et est présenté comme l'oeuvre du Révérend C. Verey. La page de titre porte la mention: London/ Privately Printed/For Circulation among Ministers of Religion.

I

Dieu libre et libertin, sacrifice et hommage;
De ma virginité recevez les louanges!
Votre empire triomphe sur mon pucelage,
Paradis de la boue, empire de la fange!
Dieu libre et libertin, sacrifice et hommage.

II

Chez vous les crimes infâmes ne sont que des blagues;
Chez vous, mon Dieu, les dieux ne sont que des idées.
Frappez votre esclave! Ah! le sang qui coule en vagues
La comblera de joie, éventrée et pâmée.
Chez vous les crimes infames ne sont que des blagues.

III

Satyre se moquant des femmes légitimes,
La mort est une blague, et l'amour trop comique,
Vous êtes un dieu! pour vous les seules choses intimes,
Dieu qui m'a baisé tant! sont les choses cosmiques.
Satyre se moquant des femmes légtimes!

IV

Dieu qui m'a baisé tant! Baisez-moi donc encore!
Vous m'avez rendu ma chère virginité.
C'est pourquoi follement sous vous, ah! je me tords
Eros inconnu, masque illisible et doré!
Dieu qui m'a baisé tant! Baisez-moi donc encore!

V

Vous qui vous dressez sur l'abîme de l'enfer,
Vous dont les plumes gravissent le haut des cieux,
A moi la bouche d'or, à moi le v.. de fer!
A l'âme, au corps! Je suis la déesse des dieux--
Et je me dresse sur l'abîme de l'enfer.


Oeuvres de Crowley en français:

- Astrologie, Dangles, 1984
- Astrologie. Archétype de l'univers astral selon la mythologie et les traditions occidentales, Dangles, 1979;
- Le Livre de la loi, Éd. Camion blanc, 2007.
- Le nouvel aeon No. I, revue d'illuminisme scientifique: Aleister Crowley, Magick and Mystic Press, 1996

Études sur Crowley en français:

- Hutin, serge, Aleister Crowley le plus grand des mages modernes, Verviers, Gérard & Cie, (Bibliothèque Marabout), 1973, 183 p.

- Mariel, Pierre, Le Paganisme au XXe siècle, Paris, Palatine, 1965.
Idem, Article Crowley in Dictionaire des sociétés secrètes en Occident, Lille, 1971.

- Mousseau, Jacques, Un Compagnon de Lucifer: Aleister Crowley, in Planète Numéro 19, pp. 54-65.

- Waldstein, Arnold, Aleister Crowley le saint de Satan, ART ET LOISIRS, 1975.

Crowley en anglais.

On trouve très facilement des oeuvres sur Crowley en anglais.
Parmi les plus intéressants ouvrages sur cet extraordinaire personnage, notons le plus récent et le plus complet:

- Do What Thou Wilt A life of Aleister Crowley par Lawrence Sutin, publié che St. Martin's Griffin, en 2002.

Également digne d'intérêt, à cause de son importante iconographie:

- The Illustrated Beast The Aleister Crowley Scrapbook de Sandy Robertson, chez Weiser Books, le spécialiste de l'éditions d'ouvrages sur l'occultisme aux États-Unis. A noter dans ce dernier ouvrage un avant-propos de Colin Wilson qui a lui-même publié ALEISTER CROWLEY THE NATURE OF THE BEAST, The Aquarian Press,1987.

***

LE TEMPS EN LITTÉRATURE

PROLÉGOMÈNES À UNE ÉTUDE COSMOLOGIQUE DE L'ORGASMISATION TEMPORELLE


Au tout début de son roman-feuilleton à saveur érotico-poétique et à effluves pseudo-rabelaisiennes, Marcel Proust écrit; 'Longtemps, je me suis couché de bonne heure.'
Et à la fin de cette fresque que l'auteur aurait voulu virginale,on retrouve, comme tout au long de l'oeuvre, la notion de temps. Notion obsessivement galvaudée, il va sans dire, car Proust pousse le cynisme jusqu'à intituler son roman: "À la recherche du temps perdu".
On connaît le mépris pour le temps et il est inutile de revenir sur le sujet, ne serait-ce pour ne pas répéter l'admirable exégèse de Georges Cattaui. Cependant signalons en passant que le travail de Cattaui confine à l'hagiographie et qu'il faut être extrêmement prudent quand on aborde l'oeuvre du Divin Marcel.
Ceci dit, reprenons les admirables mots de Guillaume Apollinaire, qui en l'écrivant, ne pensait sûrement pas au sublime grabataire: 'Virilités du siècle où nous vivons....' (Calligrammes) et oublions les intrigues de bain public.
Constatons la vérité suivante: la vérité est dans le temps, elle est le temps. N'en prenons pour preuve que le fait que tout le monde s'y réfère constamment et ce avec une absence totale de préjugés.
N'est-ce pas là une évidence dont Apollinaire --encore lui-- disait: 'Je me jette vers toi et il me semble que tu te jettes vers moi'. Et Gide d'ajouter: 'Je ne cause pas volontiers, mais je voudrais cause avec vous.' (L'Immoraliste)
Faut-il chercher plus loin, plus éclatante preuve de l'omniprésence du temps, celui-la même dont Lamartine voulait qu'il suspendît son vol.
Il ne le fit jamais et cela prouve notre propos.
Mais ne nous égarons pas comme le fait l'ineffable Mauriac quand il parle du feu. Demeurons objectifs comme Claudel quand il déclare dans 'La Rose et le rosaire': 'Je cause français à la Vierge.'
Il est donc établi par de multiples preuves et par les plus grands esprits que la vérité est dans le temps et qu'elle est le temps. Désolé M. Poulet!
D'où l'importance intrinsèque pour ne pas dire transcendante du temps.
Il faut bien le reconnaître, il vit en nous au point que notre organisme n'arrive pas à l'expulser, que notre esprit y puise l'essentiel de son hégémonie sur les fonctions bio-psychologiques de notre être tout entier et, dans un effort ultime effort de rejet cosmique, il en découle une totale zizanie au niveau de la conception bio-érotique de notre système.
En des termes simples, Georges Bataille, que tant ont maudit , explique ce phénomène que Thérèse d'Avila tenait en horreur et que tant d'esprits éclairés du XVIIIe siècle considéraient comme divin.
Nous ne reprendrons pas ici ces pages dans lesquelles le bibliothécaire aux facettes multiples se livre tout entier; notre but n'étant pas de compliquer le propos qui nous fait écrire ces lignes. Nous voulons au contraire demeurer à la portée de tous et nos croyons le faire en employant un vocabulaire forcément limité et une phraséologie dénuée de tout artifice.
Cocteau, que plusieurs considèrent l'héritier spirituel de Prousr, n'en contredit pas moins ce dernier avec violence quand il écrit dans 'L'Aigle à deux têtes': 'Il ne se couchera pas de si tôt.' (Acte I, scène II)
Certains critiques malveillants --ils sont légion-- ont voulu, à ce propos, suggérer des usages bi-latéraux du temps, alors que Cocteau, cela est très clair, n'a voulu qu'introduire une nouvelle dimension cosmique dans la notion de temps écourtée par le fait de se 'coucher de bonne heure'.
A ce sujet, André Maurois rompant son silence: ils 'avaient, en effet, très peu à faire' . (Mes Songes que voici, p. 216.)

Cette affirmation demeure dans la tadition des grands penseurs et nul n'en conteste le bien-fondé, d'autant plus que nul, et le problème se situe là, n'y voit la moindre trace de saint-simonisme. Rien de plus naturel pour des philosophes nourris au sein pascalien et faisant des gorges chaudes à la seule mention du nom de Descartes ou de celui d'Érasme. Rien de plus limpide pour les théoriciens de l'effeuillage intellectuel dont l'évolution s'arrête à la naissance d'auguste Comte. Ces primates de l'intelligence qui font de Sade le Musset des prisons et de Montherlant, un Barrès à rebours.

Bref la méfiance est de mise dans des circonstances comme celles que nous venons de décrire. Elle est d'autant plus de mise qu'il existe une conspiration que Proust avait découverte alors qu'il fréquentait le lycée --tout semble indiquer que cette illumination se produisit au moment de sa 'Quatrième' sous la direction d'un certain M. Legouez dit 'Le Débonnaire'-- et qu'il stigmatisa en décrivant son influence sur un de ses collègues: ''Ses traits prirent une attitude singulière''.
Cattaui, pourtant bien informé par ailleurs, ne parle pas de l'incident. Claude Mauriac, dans une plaquette qu'il a consacré au rescapé de Gomorrhe, ignore lui aussi cet événement ou tout au moins le passe sous silence délibérement pour éviter de créer quelque scandale sans nom ou presque. Ne nous arrêtons pas à ces recherches de boudoirs dans lesquels on insulte les photos de famille; notre propos étant d'un ordre plus élevé.
Rendons plutôt hommage à la clairvoyance du jeune Proust qui avait découvert la conspiration bien avant Daniel-Rops qui crut l'annoncer en primeur dans 'Deux hommes en moi', quand il écrivit ''Damien avait une sympathie particulière pour Jean-Pierre, lequel était employé de banque''. (page 205).
Comme il est de mise en ces circonstances, le brave auteur catholique maquilla les faits. La charité chrétienne est à ce prix. Mais malgré ce maquillage de convenance, qui ne cachait vraiment rien, tout le monde sut de qui on parlait. Il y eut quand même une certaine spéculation, ce qui fit dire à Aragon dans son 'Paysan de Paris': ''Ils arguent des bénéfices qu'ils pourraient en tirer.'' (page 34).
On reconnaît bien là la faune littéraire à son jugement du brave Aragon. Ce dernier n'hésita pas à démissionner du jury du 'Prix Goncourt' quand il sut que son poulain ne l'emporterait pas: option dans l'ordre des choses pour l'amant d'Irène.
Toujours est-il que la conspiration était mise à nu et qu'elle faisait les belles heures des salons où l'on cause à tel point que Julien Benda écrivit dans son 'Exercice d'un enterré vif': ''Je jouis d'elles comme si elles m'étaient prêtées''. (page 204).

Tout le monde ne fut pas d'accord et plus d'un cita le vers de Musset: "Honte à toi qui la première m'a appris la trahison".

Puis l'affaire perdit de sa nouveautéjusqu'au moment où Cocteau décida de quitter ce monde et son fils. Mauriac, loin de Malagar, le plaignit de ne pas l'avoir fait chrétiennement et sans l'assistance d'une tendre et tolérante épouse. Notons que dans la nouvelle édition de"Bloc-notes", l'auguste et saint vieillard a supprimé ce passage.
Cette intervention malicieuse et incomprise au dire de Mauriac, provoqua l'ire de Roger Peyrefitte qui fit un baroud de tous les diables et ressortit sa fameuse théorie --maintenant devenue dogme de foi-- du classicisme antique (si les Grecs le faisaient, cela prouve que c'est bon).
Et pour clore l'incident, celui que certains nomment le 'Guillemin des autres' publia son immortel chef d'oeuvre:"Notre Amour".